de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 28 janvier 2012

13- Statuts



La première réunion du comité de la paroisse depuis presque un an aura lieu dimanche. Malgré toutes les décisions qui ont été présentées comme prises à l'unanimité du comité ces derniers mois, cette première réunion qui convoque valablement tous les membres du conseil fera date. Elle semble si exceptionnelle que monseigneur Emmanuel nous fera même l'honneur de sa visite pour y assister. Elle aura pour thème " les problèmes ". Reste à savoir si les problèmes visés concernent les problèmes de fond, ou ceux qui découlent de la liberté d'expression sur internet. Si ce sont les problèmes de fond qui intéressent l'évêque, peut-être aura-t-il la bonne idée de rappeler la police, comme dimanche dernier. De cette façon, il pourra demander aux policiers s'il est vrai qu'ils ont dit à certains membres de la communauté : Ça nous étonnait tellement qu'un père nous appelle pour chasser quelqu'un qu'on a regardé le dossier de ce père avant de venir. Ça nous étonnerait qu'il reste longtemps ici, celui-là ! Peut-être diront-ils alors : Ça nous étonnait tellement qu'un évêque nous appelle, qu'on a regardé son dossier avant de venir...

Je salue le Conseil Mondial des Églises (World Council of Churches), à Genève, qui m'a fait l'honneur de visiter mon blog, même si la durée de leur connexion laisse supposer qu'il ne s'agissait que de courtoisie et non d'examen des documents présentés. Je rassure mes internautes anonymes : mis à part quelques institutionnels, les statistiques ne donnent qu'une vague indication de lieu des différentes connexions. Les statistiques fonctionnent un peu comme l'annuaire inversé, quand on essaie de savoir quel est le numéro qui vient de nous appeler, la plupart du temps on ne trouve pas.

Lorsque j'ai vu le dernier bulletin de l'Annonce Orthodoxe de la communauté, avec une cotisation à 50 euros pour être membre, j'ai aussitôt réalisé que le plan de modification des statuts avait franchi une étape importante. Seulement, pour modifier des statuts, il ne suffit pas d'exclure presque tout le monde du droit de vote, comme nous l'avons vu dans le message 12 ; il faut aussi respecter certaines règles de droit administratif. Je suis donc allé à la Préfecture pour demander une copie de nos statuts. N'importe qui peut le faire. Il suffit d'entrer par la rue de Bonnel, d'aller à l'accueil, de laisser sa carte d'identité contre un badge visiteur et de se rendre au bureau 401. Là, vous pouvez demander n'importe quelle version de n'importe quels statuts d'associations.

Lors de la dernière assemblée générale, présidée par monseigneur Emmanuel, celui-ci avait demandé un vote pour modifier les statuts. L'assemblée générale avait refusé de voter car la question n'était pas à l'ordre du jour, et les modifications souhaitées n'étaient pas connues. L'assemblée a par contre validé de simplement changer les noms des responsables religieux mentionnés dans les statuts. Je n'étais donc pas étonné de voir que deux versions des statuts de la communauté hellénique de Lyon étaient enregistrées.

Vous trouverez ici la version originelle de nos statuts, et ici la version signée du 26 février 2011, soit 6 jours après que l'Assemblée Générale eut refusé de modifier les statuts. Vous pourrez constater que deux points ont été changés discrètement :
- dans l'alinéa 3 du point f de l'article 3, le président signataire des nouveaux statuts prévoit d'octroyer au clergé, c'est-à-dire à lui-même, des gratifications en plus des seuls traitements auxquels il pouvait jusque-là prétendre ;
- l'un des axiomes de la chimie est de considérer que, dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (Lavoisier, repris du Grec Anaxagore). Dans le même alinéa 3, l'argent qui servait aux traitements des employés ne sert plus que si besoin à leur salaire.
De cette façon, l'argent qui servait à payer les traitements honoraires du clergé et employés de l'association sert maintenant à payer les gratifications et traitements du clergé et, si besoin, du ou des employés de l'association.
- le 1er § de l'article 14 a également été transformé pour que l'assemblée générale, qui se réunissait pour voter les modifications des statuts, ne se réunisse plus que pour proposer des modifications qui seront validées par l'évêque.

Mais, me direz-vous, en quoi est-ce que ça peut nous gêner que l'évêque change les statuts ?

Je répondrai qu'il est impossible de dire si c'est gênant ou pas tant que l'on ne connaît pas les modifications proposées. Il y a certainement des modifications qui seraient bonnes. Mais déjà, avant de se pencher sur le fond, il faut que la forme de ce que nous faisons soit conforme à la législation française. Sinon quelle image donnons-nous ? Des modifications arbitraires rendent nulles toutes décisions qui pourraient en découler, tout comme fixer une cotisation sans respecter les règles prévues rend nul l'exclusion souhaitée des membres.

En second lieu, c'est humiliant pour les familles qui ont tout construit, durant soixante ans, sans que l'évêque ne mette jamais un sou, d'accepter d'être exclus du fonctionnement de l'association et d'en perdre la gestion. D'autant que les statuts actuels laissent un rôle central au pouvoir canonique de l'évêque.

Ensuite, ce qui me gêne, c'est le fait d'avoir mis une grille tarifaire sur les sacrements. C'est une hérésie condamnée par l’Église, comme nous l'avons vu dans un article précédent, et nous ne pouvons pas prétendre faire partie de cette Église en reproduisant les hérésies qu'elle a condamnées. Quel rapport avec les statuts modifiés ? Si on facture 200 euros un baptême, cet argent va dans les caisses de l'association. Mais si le clergé a droit à des gratifications, alors le président, qui est aussi actuellement le clergé, peut décider quelle part il laisse dans les caisses de l'association et quelle part il garde pour lui-même.

Bien évidemment, il ne peut pas tout prendre, parce que l'évêque demande 5% de tous les revenus de la paroisse. C'est compréhensible si l'on considère la mission qui est celle de l'évêque. Ça l'est moins si celui-ci autorise de vendre les sacrements pour augmenter la part qui lui revient.

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