de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

lundi 5 mars 2012

29- Kosmas d'Etolie



Il arrivera un temps où il n'y aura plus aucune harmonie entre le clergé et les laïcs... Le clergé sera pire que les plus impies... Les gens instruits essayeront de résoudre le problème avec la plume, mais n'y arriveront pas... 

Comme pour toutes les prophéties, celles de Saint Kosmas d'Étolie (1714-1779) ont une part de mystère et il est difficile de savoir à quels temps elles s'appliquent. Aujourd'hui, il y a de très nombreux endroits où le clergé est très respectable et respecté. Nous avons vu dans le message précédent le cas de Chypre. Mais il y a, à Lyon, et plus généralement au niveau de la métropole de France, des choses corrompues au sein du clergé. C'est le cas avec le fait d'avoir mis une grille tarifaire sur les sacrements.

L'impiété dont parle saint Kosmas se définit comme étant le mépris pour tout ce qui touche à la religion. L'Église demande de ne pas travailler le dimanche, donc mépriser cette règle est une impiété. Je ne parle pas ici de celui qui le fait par nécessité, avec la bénédiction de son père spirituel. Vendre un sacrement est pire que l'impiété. Si un jour quelqu'un lève sa plume pour que ces pratiques soient abandonnées, j'espère qu'il sera écouté. Cela signifiera que ces temps de catastrophes décrits par Saint Kosmas ne seront pas encore arrivés.

Saint Kosmas disait aux fidèles : Les revenus gagnés le dimanche sont maudits, et vous attirez le feu sur votre maison, et non la bénédiction. Que penser d'un prêtre qui verrait son sacerdoce comme un simple travail destiné à subvenir aux besoins de sa famille ? Comment concilier la nécessité d'un revenu et l'éthique qui s'impose au prêtre ?

Lorsque le père Nicolas m'a proposé de devenir prêtre, l'une des premières questions qu'il fallait régler était la façon de gagner sa vie. Je pouvais être inscrit à une caisse financée par le gouvernement grec, qui donnait 1200 € à chaque prêtre. Depuis, cette somme est passée à 900 €, et il est fort probable que cela baisse encore. A cela s'ajoute une somme que les paroisses donnent au prêtre, suivant les dons qu'elles perçoivent. Je crois que c'est 600 € à Pont-de-Chéruy, et au moins 800 € à Lyon.

Si on n'est pas marié, cela représente donc environ 1700 € nets, ce qui est très raisonnable. Si on est marié, c'est plus juste, mais cela reste acceptable. D'autant que cela ne comprend pas les dons ponctuels qui se pratiquent parfois lorsque l'on va bénir une maison, au moment de la Théophanie par exemple. Et puis il s'agit d'un service minimum qui est demandé pour cette somme-là : une liturgie le dimanche, parfois un baptême ou un mariage le samedi. Ponctuellement un enterrement en semaine. Il y a donc la possibilité d'avoir un travail en semaine si on a besoin de plus d'argent, et de garder les célébrations pour les week-ends.

Dans la plupart des paroisses, comme à Lyon, les prêtres ont un logement de fonction, parfois confortable, qui ne leur coûte rien : ni eau, ni électricité, ni gaz, ni téléphone, ni loyer. C'est logique si l'on considère que le prêtre se doit d’être constamment d'astreinte. C'est également une façon de concevoir qu'il est l'hôte des paroissiens, au même titre que chaque paroissien devient son hôte lorsqu'il a besoin de lui : une forme de réciprocité permanente.

A quel moment l'argent cesse-t-il d’être un moyen qui permet de mener à bien son ministère, et devient-il un but que l'on poursuit ? Que représentent les revenus d'un prêtre à Lyon ? 1700 € nets, plus 1200 € d'avantages de logement, plus un salaire d'instituteur payé par le gouvernement grec. Pourquoi alors mettre une grille tarifaire sur les sacrements ? Pourquoi garder une bonne partie de cet argent demandé comme complément de revenus ? Pourquoi décider de garder pour soi-même les frais d'inscription à l'école grecque (100 € par adulte et par an) qui avaient été mis en place initialement pour couvrir les besoins de chauffage et d'électricité ? A quel moment une paroisse devient-elle comme un troupeau de brebis qu'il convient de tondre ? Une paroisse est-elle une concession qu'un évêque donne à un prêtre ? Est-ce que j'allais moi aussi tomber dans cette perversion ?

J'ai souvent parlé de ces choses avec le père Nicolas. Quand il m'a demandé de me présenter pour les élections du comité, je lui ai dit que je n'accepterais jamais qu'il y ait un prix sur les sacrements.  Il en a été de même lorsqu'il m'a proposé de devenir prêtre. On ne peut légitimement représenter des règles et un mode de vie que si on est capable de se les appliquer à soi-même.

J'entends parfois que monseigneur Emmanuel aurait dit que si le père Nicolas s'en allait, il ne serait pas possible de le remplacer, car il est très dur de trouver un prêtre pour venir exercer en France. Moi je dis que si les prêtres de Grèce savaient ce que gagne un prêtre en France, il faudrait une tombola pour départager tous les postulants.

Monseigneur Emmanuel est Crétois. Monseigneur Arsénios, qui était son vicaire, est Crétois. Le père Nicolas est Crétois. Le prêtre de Pont-de-Chéruy est Crétois. Le prêtre de Saint Étienne est Crétois. Le prêtre de Lille est Crétois. Presque tous les prêtres de France sont Crétois. Est-ce que les Crétois sont ceux qui se sacrifient le plus, ou bien ceux qui ont trouvé le meilleur filon ? Les motivations de chacun sont bien évidemment différentes ; par exemple, toutes les personnes qui me parlent du père Georges de Pont-de-Chéruy en font des éloges. On trouve autant de prêtres Crétois pour exercer en France, et pas un seul dans toute la Grèce qui viendrait chez nous ? La France n'est-elle vraiment pas un endroit agréable pour un prêtre, comme me le disait le père Nicolas ?

L'histoire montre combien la Crète et les Crétois se sont toujours sacrifiés pour leur liberté et pour la Grèce. Spiro, un vieux marchand d'Athènes, qui a trois magasins dans Plaka, avait suivi ses parents qui avaient fui Constantinople lors de l'exode des Grecs d'Asie Mineure. Il me disait : Tant qu'il y aura des gens à Anoyia, personne ne pourra envahir la Grèce ; si les Allemands reviennent, ils ne passeront pas. Mais, au-delà de telle ou telle réputation, c'est toute la Grèce qui est baignée du sang de ses martyrs. Toute la Grèce qui s'est sacrifiée pour sa liberté et sa foi. Et faire croire aujourd'hui qu'il n'y aurait personne dans toute la Grèce pour remplacer un prêtre qui n'en est pas un est une fumisterie.

Parmi les évêques qui ont fait une demande de nationalité turque pour avoir une chance de devenir patriarche, je vous invite à vous poser la question de leur origine géographique. Je crois savoir que la plupart sont très " localisés "... Les évêques les plus saints resteront toujours auprès de leur peuple, qui les aime. Les plus ambitieux ne voient pas le poste qu'ils occupent, mais le prochain qu'ils convoitent.

Saint Kosmas d'Étolie est allé prêcher jusqu'à Xeimarra, qui était un port rayonnant. Son prénom a souvent été donné aux enfants dans toute l’Épire. Ma mère me l'a donné en second prénom, en hommage à son propre parrain qui le portait : Kosma Nushi. Kosma Nushi est mort déporté à Dachau, gazé et incinéré par les allemands à cause de ses idées politiques.

 Je reparlerai certainement de Saint Kosmas, car ce qu'il a prêché a redonné son âme au peuple grec et lui a permis de s'affranchir du joug turc. Il a fait redécouvrir aux chrétiens tout l'amour contenu dans le message de l’Évangile, et l'importance de garder ce message dans son cœur et dans sa vie.

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