de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 11 mai 2013

84- Bagarre de Pâques

Étant donnée l'importance liturgique de la fête de Pâques, que les orthodoxes du monde entier fêtaient dimanche dernier, j'ai emmené ma famille dans une paroisse où il serait possible de faire abstraction des problèmes de notre communauté, une paroisse où la communion ne serait pas utilisée comme moyen de chantage, et où l'hospitalité de ses membres ne serait pas des paroles creuses. 

Après la communion, un homme est venu me saluer. Il m'a demandé si je le reconnaissais, et qu'il venait à la paroisse grecque de Lyon en 2004-2005. Il m'a remercié pour l'accueil que nous lui avions réservé à ce moment-là. Très honnêtement, je ne me rappelais pas de lui. Ces remerciements ne me reviennent donc pas et je les transmets à mon tour aux membres de la communauté grecque qui ont toujours eu à cœur de garder leur porte ouverte pour accueillir les étrangers que Dieu a mis sur notre route.

Je ne doute pas que ceux qui ferment aujourd'hui nos portes cesseront bientôt d'agir ainsi. Je dédierai donc ce message à l'hospitalité de tous les hommes de bonne volonté sur terre qui, de tous temps, ont su pratiquer l'hospitalité. Dimanche, j'étais dans le rôle de l'étranger qui était heureux de trouver des portes et des cœurs ouverts pour l'accueillir.

L'office de la résurrection débute par les matines et se poursuit avec la liturgie. Les matines commencent dans l'obscurité totale, prolongement de l'office de la mise au tombeau du Vendredi Saint, et symbole des ténèbres qui ont obscurci la terre lorsque le Christ fut crucifié. Puis le prêtre sort du sanctuaire avec, sur la bougie qu'il tient, la seule lumière de l'église. Tous les fidèles vont alors prendre la lumière à la lumière, comme le disent les chants. Cela symbolise la vie qui se répand à tout homme par la vie du Christ ressuscité jaillissant du tombeau.

Puis tout le monde sort, derrière le prêtre, sur le parvis de l'église où est lu l’Évangile, avant que ne soit chanté le chant de la résurrection. L'office se métamorphose alors et passe de lectures psalmodiées en chants entraînants montrant la vie et la joie de la résurrection.

Dans cet office où tout est axé sur la résurrection, il y a une chose surprenante : l'évangile lu sur le parvis de l'église et celui lu lors de la liturgie n'ont rien à voir avec la résurrection. Les textes de la passion et de la résurrection contenus dans l’Évangile sont lus toute la semaine qui précède Pâques et jusqu'aux vêpres du samedi soir. Mais les matines et la liturgie du dimanche de Pâques ne font plus référence à ces textes. L’Évangile qui est lu est celui du prologue de Saint Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle (Jn. 1).

L’Église a voulu montrer que la vie de la résurrection du Christ jaillie du tombeau et qui se répand sur les hommes n'est rien d'autre que la vie de la Parole créatrice de Dieu qui a jailli du non-être lors des origines du monde. C'est la même Parole qui était auprès de Dieu, et qui était Dieu, qui a donné la vie aux origines et qui la donne à nouveau à l'homme en sortant du tombeau.

Depuis ce moment de la liturgie jusqu'au dimanche de Thomas (dimanche qui suit Pâques), les portes de l'iconostase et son rideau resteront ouverts. Le sanctuaire symbolise la Jérusalem céleste où le prêtre se tient pour célébrer la liturgie et transmettre les dons qui viennent d'En-Haut aux hommes. L'iconostase symbolise la barrière entre le monde que nous connaissons et le monde à venir. Mais, par sa résurrection, le Christ a aboli ce qui nous retenait prisonnier, et nous avons accès à la vie et à la connaissance sans limites et sans barrières.

Pourtant, malgré la fête et la joie qui caractérisent habituellement la fête de Pâques, des événements totalement éloignés de cet esprit se sont produits à l'église grecque de Lyon.

Un groupe d'une cinquantaine de Roumains est venu assister à l'office de Pâques. Pour une raison que nous ne connaissons pas, même si certains évoquent la thèse du règlement de compte, certains d'entre eux ont commencé à se battre entre eux. D'abord à coups de poings, puis à coups de couteaux. Des femmes et des enfants pleuraient devant cette violence. La police est intervenue très vite et, devant l'ampleur de la bagarre, de nombreuses patrouilles sont arrivées de tout Lyon pour boucler le quartier.

La présence d'ambulances et de pompiers montra qu'il y eut au moins un blessé.

Quoi qu'il en soit, d'après certains participants, ce fut une fête à l'ambiance plombée ; une fête sans joie et d'une grande tristesse.

Même si des Roumains étaient impliqués dans cette bagarre de rue, il est à noter que près de 400 d'entre eux étaient réunis à la paroisse des Saints Archanges, 53 ch. de Fond-Rose, à Caluire. Le problème ne vient donc pas des Roumains en tant que tels, mais du manque d'amour dans le cœur des personnes impliquées dans cette bagarre. D'après ce qui m'a été rapporté, les chants de cette paroisse roumaine des Saints Archanges étaient d'une grande beauté et il se dégageait de leur fête toute la joie de Pâques et toute l'hospitalité dont les paroisses chrétiennes essayent de se parer. J'espère que nous retrouverons bientôt, nous aussi, ces caractéristiques que nous avons perdues.

Notre église a toujours été un lieu où ceux qui venaient trouvaient la paix. Peu importent le vécu et le passé de chacun, et particulièrement le jour de Pâques. Celui qui vient fêter Pâques laisse ses problèmes derrière lui pour recevoir la vie que le Christ donne à tous. C'est le sens de l'homélie de saint Jean Chrysostome lue pendant l'office. Comment se fait-il que, chez nous, ceux qui viennent n'y arrivent pas ?

1 commentaire:

  1. Tu as raison de mettre en avant l'ambiance qui règne dans la paroisse roumaine. Les fidèles sont accueillants et acceptent les Français qui viennent chez eux (la plupart n'étant pas Lyonnais ne naissance et n'ayant pas écoutés les propos diffammatoires de certaines fidèles de Sainte rencontre).

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